L’Opale, cette pierre semi-précieuse d’une beauté hypnotique, est entourée d’un halo de mystère et de superstition. Certains murmures prétendent qu’elle porterait malheur.
Mais comment une gemme aussi séduisante peut-elle devenir la source de déboires et de déconvenues?
- Est-ce que ces oiseaux de mauvais augure ne se trompent pas ?
- Pourrait-il s’agir d’une histoire forgée, née de la plume d’un écrivain et échappée des pages d’un livre pour devenir une légende ?
- N’est-il pas possible que cette réputation maléfique ne soit qu’une simple distorsion littéraire de la réalité ?
L’opale, avec ses reflets changeants et ses feux intérieurs, continue de captiver et de fasciner, en dépit des on-dit.
Cette pierre semi-précieuse, loin d’être simplement un porte-malheur, pourrait bien être une source d’émerveillement et d’inspiration.
Les titres de cette page :
Description de l’opale
Regarder une opale, c’est regarder le mystère. Qu’elle produise une iridescence ou pas ! Opaque, comme l‘opale cachalong, longtemps confondue avec une calcédoine ou une agate, ou brillant de mille feux, comme l’opale arlequin, une opale ne laisse jamais indifférent.
Difficile, en réalité, de décrire une opale, hors mis par son opalescence, autrement dit, par un aspect, en général, laiteux, ou par ses jeux de couleurs, c’est-à-dire son iridescence.
D’ailleurs, quand on parle d’opale, on parle d’une famille de minéraux. Un peu comme lorsqu’on parle de calcédoine. Pour y mettre un peu d’ordre, les minéralogistes classent les opales en trois espèces minérales selon leur composition de base.
Caractéristiques minérales de l’opale
Les trois espèces d’opales
Les opales appartiennent soit à l’espèce des cristobalites, soit à celle des tridymites, soit à celle des silices amorphes hydratées. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Selon la variété – il y en a quatre – à laquelle elle appartient aussi, une opale peut tenir à la fois de l’une ou l’autre de ces espèces.
Les quatre variétés d’opales
Ainsi, par exemple, la variété Opal-CT – on l’appelle parfois lussatite – se compose de cristobalite et de tridymite. C’est ce qui donne ses initiales CT. Autre exemple : la variété Opal-A. On pourrait croire qu’elle représente une seule espèce, en l’occurrence des silices amorphes hydratées.
Ah bon ? Eh oui, parce que si le A de l’opal-A renvoie bien à la variété « silicieuse », il s’y ajoute, en fait, un petit « g » ou un petit « n ». On a alors soit une Opal-Ag ou une Opal-An. Dans ce dernier cas, l’Opal-An devient une hyalite.
Une vingtaine de sous-variétés d’opales
Trois espèces, quatre variétés, a-t-on fait le tour de la minéralogie de l’opale ? Eh bien, non ! On peut encore distinguer un tas de sous-variétés d’opales, selon, par exemple, leur provenance, leur particularité, l’histoire de leur classification ou, naturellement, l’intérêt qu’elles suscitent en joaillerie.
Exemples de sous-variétés d’opales selon leur provenance ou leur particularité
Ainsi de l’opale forchérite, originaire de la vallée d’Ingering en Autriche. C’est une opale jaune orangée avec des inclusions microscopiques de réalgar et d’orpiment. Bref, de sulfure d’arsenic. de quoi justifier sa réputation d’opale porte malheur. Ou encore de l’opale hydrophane. Celle-ci a été répertoriée par le grand Buffon. Sa particularité est de ne faire apparaître son iridescence qu’une fois plongée dans l’eau.
Ajoutons-y, pour faire bonne mesure, la mascareignite qui a commencé sa carrière comme cendre volcanique avant de la poursuivre comme opale et qu’on ne trouve que dans l’archipel des Mascareignes et la brave ménilite. D’abord dénommée polierschiefer, elle a été étudiée par Saussure à partir d’échantillons trouvés à Ménilmontant et pour cette raison baptisée ménilite.
Opales très rares et très recherchées
Pour être qualifiée de précieuse, ou de noble, en joaillerie, l’opale doit avoir un beau jeu de couleurs, comme par exemple, la rarissime opale noire. Sinon, elle est déclarée commune.
Celle-ci fait partie des silices amorphes hydratées. Sa dureté se situe entre 5,5 et 6 sur l’échelle de Mohs. Très prisée, et donc très coûteuse, sa valeur augmente avec l’épaisseur de sa couche de couleur.
A noter également l’opale arlequin. Ce n’est pas une sous-variété en tant que telle. En effet, c’est la disposition particulière de ses couleurs suivant un schéma en arlequin qui fait sa valeur.
Où trouve-t-on des opales ?
On trouve facilement de l’opale un peu partout. Et donc en France. Et pas forcément de piètre qualité. On peut ainsi trouver en Auvergne, de la forchérite à Saint Nectaire, de la résinite à Gergovie et de la lussatite en Limagne.
Sans même parler de la jolie opale rose de Quincy, dans le Cher, appelée d’ailleurs quincytite.
Maintenant, pour ce qui est des opales nobles ou précieuses, c’est un peu plus délicat. Les plus belles viennent d’Australie et notamment de Lightning Ridge pour ce qui est des fabuleuses opales noires.
Mais, on extrait aussi, depuis peu, de merveilleuses opales cristal ou chocolat de la région de Welo en Ethiopie. A environ 250 km au Nord Est d’Addis Abeba. Les spécialistes disent que ces dernières ont tendance à supplanter actuellement les opales australiennes.
A défaut de ces deux grandes sous-variétés, on peut toujours se rabattre sur les très belles opales de feu d’origine mexicaine.
Quel est le prix d’une opale ?
Comme toujours quand il s’agit d’une gemme, le prix dépend d’une multitude de facteurs. Disons, pour faire court, qu’en général, les prix d’une opale varient, en moyenne, entre 4 et 12 euros le gramme. Pour mieux apprécier ce prix, rappelons, notamment, qu’un carat est égal à à 0,2 gramme. Autrement dit, on peut avoir une opale d’une assez bonne taille à un prix, somme toute, raisonnable.
Le prix d’une opale d’exception n’est pas celui d’une opale malheur
Mais, tout change quand on recherche « la perle rare ». Autrement dit, l’opale noble. Prenons, par exemple, l’histoire de l’opale Flame Queen, la plus célèbre de toutes les opales. Elle ressemble à un œil et pèse 263 carats. C’est une opale noire découverte, en 1914, en Australie à Lightning Ridge.
Les trois découvreurs de l’époque l’ont vendu pour tout juste 93 livres. Et comme toujours quand les collectionneurs entrent dans la danse, les prix finissent par s’envoler. Aux dernières nouvelles, elle s’est échangée pour 3 millions de dollars. Le prix actuellement le plus élevé pour une opale.
L’opale Flame Queen n’est pas la seule de sa catégorie. On peut citer de même, l’opale Andamooka, découverte, en 1949, elle aussi en Australie, dans la mine d’Andamooka. C’est une opale cristal, difficile d’y voir une opale porte-malheur, et elle pèse 203 carats. Elle a été offerte à la reine Elisabeth II en 1954 lors de sa première visite en Australie.
D’où vient la mauvaise réputation de l’opale ?

Comme la reine Elisabeth II a eu un long règne, certes entrecoupé de quelques déboires familiaux, mais après tout la vie n’est pas un long fleuve tranquille qu’il s’agisse des familles royales ou des autres et comme on ne peut pas davantage suspecter les australiens d’avoir voulu jeter un sort sur leur reine, on peut alors se demander pourquoi l’opale serait source de malheur. Puisque telle est sa mauvaise réputation.
L’origine de la mauvaise réputation de l’opale
Eh bien, il semble que tout cela ne soit que de la littérature. On peut être tenté de dire de la mauvaise littérature, mais s’agissant de Walter Scott, puisque c’est apparemment lui le coupable, en tout cas c’est Anne de Jouvenel-Tugny qui le dit, ce ne peut être le cas. C’est justement pour ça.
En effet, Walter Scott (1771-1832) est un monument de la littérature britannique, et en particulier, écossaise. Pour la petite histoire, c’est à lui qu’on doit le retour en grâce du tartan et du kilt dont l’usage s’était perdu.
Au tout début, Walter Scott est un juriste, écrivain à ses heures. Il écrit un peu sur tout, mais ce sont les romans historiques comme Ivahnoé en 1819 et Quentin Durward en 1823 qui font sa gloire. Il lance une mode qui fructifie en France avec, notamment, Salambô, de Gustave Flaubert en 1862, Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo, en 1831, les trois mousquetaires, d’Alexandre Dumas, en 1844, ou encore Chronique du règne de Charles IX, de Prosper Mérimée, en 1829. Entre autres.
L’opale du malheur dans le roman Anne de Geierstein, de Walter Scott
Dans ce roman un peu compliqué publié par Walter Scott en 1829, avec l’assistance de sa fille, Anne, l’auteur raconte l’histoire d’une malédiction à cause d’une promesse non tenue, malgré les avertissements donnés.
Il était donc une fois, un vieux mage persan accueilli pendant un an par un baron féru de sciences occultes. Las, le vieux mage doit s’en aller sans avoir tout dit au baron. Mais, pour achever sa formation, il lui promet de lui envoyer sa fille.
Apparition d’Hermione, la magicienne
Et là, bim-bam-boum, un beau jour, le baron voit tout d’un coup une belle jeune fille apparaître dans son laboratoire. C’est la fille du vieux mage, la belle Hermione, dite aussi « la nymphe de feu ». Normal, elle porte au cou une superbe et très mystérieuse opale de feu. Malgré sa promesse de ne pas la séduire, sous peine de ne plus pouvoir avoir de descendants mâles, le baron en tombe amoureux, l’épouse et est bientôt père d’une petite fille, Sybille.
Jusque là tout va bien. Mais, le jour du baptême de la petite Sybille, une petite goutte de l’eau bénite, ayant servi au baptême de la petite, tombe malencontreusement sur l’opale d’Hermione. Et là, pfuitt ! L’opale devient toute terne et Hermione disparaît. Sybille grandit, son papa meurt sans lui donner de frère, et elle finit par épouser Albert de Geierstein.
Anne de Geierstein, petite fille d’Hermione
Le couple a une unique petite fille, Anne, qui, le moment venu jette l’opale dans un lac pour conjurer la malédiction. Et voilà ! Ajoutons que ce n’est qu’une toute petite partie d’une grande fresque historique qui se passe à l’époque de Charles le Téméraire.
Enfin, retenons simplement de cette histoire que la possession d’une opale n’est pas neutre et que ses vertus doivent être maniées en connaissance de cause. Du moins, si on croit aux pouvoirs de la linothérapie.
Les vertus physiologiques et psychologiques de l’opale

Bon, les romanciers, si talentueux soient-ils, c’est une chose, la linothérapie en est une autre. Comme on peut s’y attendre, l’opale a des propriétés physiques et des propriétés psychiques qui peuvent être bien utiles.
Vertus physiologiques de l’opale
Commençons par les vertus physiologiques de l’opale. Pour les linothérapeutes, avec toutes les réserves que leur pratique requiert, un linothérapeute n’est en aucune façon un médecin, l’opale favoriserait un certain nombre de choses sur le plan physique comme par exemple :
- Neutraliser les infections.
- Réduire les troubles digestifs et les reflux gastriques.
- Réguler la vessie et les reins. Mieux que la néphrite ? On ne sait pas.
- Assainir le foie.
- Diminuer les allergies.
- Hydrater le peau.
Vertus psychologiques de l’opale
Qui dit propriétés physiques dit aussi propriétés psychologiques. Sur ce plan, elle aiderait à :
- Retrouver son calme.
- Stimuler la réflexion.
- Rester concentré.
- Mieux dormir.
Comment choisir une opale ?
Bref, foin d’une opale synonyme de malheur, c’est plutôt bien d’avoir toujours une opale chez soi. Oui, mais laquelle ? S’il s’agit de profiter essentiellement de ses nombreuses vertus, nul besoin de se ruiner. On peut avoir à sa disposition quelques dizaines de grammes d’opale pour quelques dizaines d’euros seulement.
Et il suffit pour s’en procurer de se rendre dans la boutique d’un minéralogiste, et si on ne peut faire autrement, de « surfer » sur les pages d’un des nombreux sites web spécialisés dans ce domaine.
Mais, si on veut un plus et posséder une pierre de prestige, il faut savoir y mettre le prix. Tout en sachant que le prix ne fait pas tout. Il faut que la pierre choisie par sa forme, ses couleurs, correspondent à ce que l’on est. Il en est des pierres comme des couleurs. Il y a celles avec lesquelles on est naturellement en phase, et celles avec lesquelles, on ne peut absolument pas l’être.
Opale, pierre de malheur ?
Définitivement, la réponse est non. D’ailleurs, tout dans ce monde est ambivalent. Noir et blanc. Dans le roman historique de Walter Scott, l’opale porte malheur, c’est oublier que son nom vient du sanskrit Upala. Et que veut dire Upala ? Mais, pierre précieuse, bien sûr !
Imagine-t-on que dans les temps anciens on ait pu accorder ce qualificatif à une pierre susceptible d’apporter le malheur à son possesseur ? Si c’était le cas, ce serait une drôle de façon de définir ce qui est précieux.
Pour Victor Hugo, pas d’opale malheur, mais des yeux tendres
En l’occurrence, de ce point de vue sémantique, on voit bien que c’est plutôt l’inverse. Ecoutons alors Victor Hugo quand il chante dans « les Rayons et les Ombres » :
La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent ;
Tendre, elle ouvre ses yeux d’opale
D’où la douceur du ciel descend.