La calcédoine, une famille de pierres semi précieuses très nombreuse

Une pierre ? Plutôt une famille de pierres semi précieuses ! Et de toutes les couleurs ! C’est ce qui en fait le charme et la poésie.

De grands poètes comme André Breton ou Roger Caillois ne s’y sont d’ailleurs pas trompé. Quoi qu’il en soit, ce qu’il y a de bien avec la calcédoine, c’est qu’il y en a pour tous les goûts.

Et donc pour tous les usages. Et d’ailleurs, aussi, pour toutes les bourses. Ne serait-ce que pour le simple plaisir des yeux avec une calcédoine comme la calcédoine bleue ou pour marquer un souvenir avec un banal silex ramassé sur un chemin.

En quoi une calcédoine fait-elle partie des pierres semi précieuses ?

La calcédoine fait partie des pierres semi-précieuses car elle présente des caractéristiques et une valeur moindre par rapport aux pierres précieuses telles que les diamants, rubis, saphirs et émeraudes. La calcédoine est appréciée pour sa beauté et sa variété de couleurs, mais sa rareté et sa dureté sont inférieures à celles des pierres précieuses.

Composition d’une calcédoine

Pour faire court, une calcédoine est un silicate composé de microsphères de silice en couche. Il ne s’agit pas d’un minéral à proprement dit, mais d’un agencement spécifique de cristallites de quartz, disent les spécialistes.

Bref, du quartz ! Mais du quartz plutôt dur, puisque la calcédoine se situe entre 6,5 et 7 sur l’échelle de Mohs. Ce qui ne l’empêche pas d’être soluble dans l’acide fluorhydrique.

Pourquoi des pierres semi précieuses portent-elles le nom de calcédoine ?

Le nom de calcédoine vient de la ville antique éponyme. La calcédoine est donc une pierre qu’on trouvait plus particulièrement dans la ville de Chalcédoine. Pourquoi ? Parce qu’il y avait pas mal de gisements de ces pierres semi précieuses tout autour.

Mais au fait Chalcédoine, c’était où et c’était qui ? C’est important de la savoir pour la symbolique de la pierre. De fait, Chalcédoine est une ville chargée d’histoire. A l’origine, c’est une ville grecque de Bithynie. Aujourd’hui, c’est une banlieue résidentielle d‘Istanbul, en Turquie, connue sous le nom de Kadiköy.

A l’époque antique, fondée au VIIème siécle av. JC, et bien avant  de tomber sous la coupe des romains, en gros, 500 ans plus tard, elle joue un rôle clé dans les guerres  médiques et la guerre du Péloponnèse. Mais, elle ne disparaît pas pour autant. Elle est, en effet, le lieu du fameux concile œcuménique de Chalcédoine, en 451 ap. JC.

C’est ce concile, le IVème de l’histoire du christianisme, convoqué par l’empereur byzantin Marcien et l’impératrice Pulchérie, qui a établi de le principe de la double nature du Christ, à la fois vrai Dieu et vrai Homme. Ses conclusions, restées dans l’histoire sous le nom de symbole de Chalcédoine,  constituent un jalon essentiel de la christologie.

Après ce grandiose épisode, Chalcédoine subit les aléas des mouvements politico-militaires de la région, perse, un jour, byzantine, un autre, latine, dans l’intervalle, au moment des croisades, avant de devenir définitivement turque en 1326, après sa conquête par les turcs ottomans. Elle change alors de nom et prend celui de Kadiköy.

Les différents aspects et couleurs des calcédoines

La forme, mais aussi la couleur, confère son nom à la calcédoine. La calcédoine est noire, elle devient onyx. Blanche et orangée, et voilà la sardonyx. Toutes les couleurs y passent.

Rouge, la calcédoine prend le nom de tourmaline, verte, celui de chrysoprase. On peut jouer aussi sur la transparence et l’opacité. Très opaque, on préfère alors parler de jaspe plutôt que de calcédoine. Sans oublier l’agate qui mélange allègrement tons et couleurs.

Quelles pierres semi précieuses en calcédoine choisir ?

Sans se préoccuper de ses vertus, on peut choisir une calcédoine parce  qu’elle est facile à trouver, qu’elle est rare ou très rare.

Commençons par cette dernière catégorie. On y trouve essentiellement les calcédoines qui renferment de l’eau fossile. Côté âge, ça fait le même effet que l’ambre. Avec les bulles en plus. Parce que, quand on remue une calcédoine avec de l’eau fossile, on la sent bouger et parfois, on peut même voir une bulle de retrait qui disparaît ou reparait suivant la température ambiante. Naturellement, ça fait rêver !

A l’autre extrémité du spectre, on a les silex communs. On en trouve facilement. Raison pour laquelle, le silex a servi d’outil très tôt pendant la préhistoire. On peut remonter jusqu’à plus de 2 millions d’années pour trouver les premiers outils fabriqués par des humanoïdes avec du silex. Ils le ramassaient, principalement, le long des ruisseaux et des plages. Ce qu’on peut continuer à faire.

Entre ces deux types de calcédoines, on a toutes les variétés précédemment évoquées dont la couleur et l’aspect vont dépendre du gisement. La calcédoine verte, ou Chrysoprase, par exemple, est une des plus recherchées de la catégorie. Les grecs l’appelaient le « poireau d’or« . Elle  était exploitée autrefois dans la mine de Frankenstein, en Haute Silésie, en Pologne. « Autrefois », car la mine est aujourd’hui épuisée. Dommage, avec une provenance pareille, les frissons étaient quasiment garantis !  Désormais, il faut aller la chercher dans le Queensland, en Australie.

A quoi peuvent servir des pierres semi précieuses en calcédoine ?

On peut choisir une calcédoine comme on ramasse un silex au bord d’un ruisseau, un peu sans y penser, en suivant, en quelque sorte, une impulsion. On peut aussi, et ça notamment été le cas pendant des siècles, la choisir de façon délibérée parce qu’on lui réserve un usage particulier.

Usage religieux des calcédoines semi précieuses

Un des usages les plus anciens de la Chalcédoine est un usage religieux. En Egypte, du temps des pharaons, la cornaline, notamment, était très en faveur. Elle était en effet censée protéger les défunts dans leur voyage vers l’au-delà. De fait, on en a trouvé une très belle placée au centre du pectoral funéraire de Toutankhamon.

De même, sur les douze pierres précieuses qui ornaient le collier du grand prêtre de la tradition juive, deux étaient des calcédoines. Un onyx pour représenter la tribu de Joseph et un jaspe pour représenter celle de Benjamin.

Usages des calcédoines semi précieuses en lithothérapie

Du fait de sa profusion et de son accessibilité, l’usage de la calcédoine a largement débordé celui des grandes cérémonies religieuses pour se répandre dans tous les milieux sous forme, entre autres, de talismans et d’intailles.

En collier, en bracelet ou en bague, la calcédoine bleue jouit encore aujourd’hui de la faveur du public. Mais elle n’est pas la seule dont on attend chance et protection. Les calcédoines roses et vertes sont aussi très demandées.

Comment choisir la calcédoine qui fera le meilleur talisman pour soi ?

On peut commencer par suivre son instinct ou son intuition. Il y a de pierres qui attirent spontanément et d’autres qui repoussent tout aussi spontanément. Et si on hésite après une première sélection, on peut aussi faire en sorte que la pierre choisie soit aussi une pierre de naissance, par exemple :

• Jaspe rouge ou cornaline pour les béliers

• Agate pour les taureaux.

• Calcédoine bleue pour les gémeaux.

• Chrysoprase pour les balance.

La bague conique en calcédoine du Maghreb

Elle est réputée agir efficacement contre les saignements de nez. Le fait est qu’ils sont la plupart du temps bénins. Cela dit, des saignements fréquents et importants nécessitent, évidemment, une consultation médicale sans délais.

La calcédoine, source d’inspiration littéraire

Les calcédoines, surtout sous la forme d’agate, ont été une source d’inspiration constante, notamment, pour André Breton et Roger Caillois, grands collectionneurs de minéraux devant l’Eternel. Chacun à leur manière, bien entendu. C’est ce qu’a  montré  l’exposition intitulée la langue de pierres que leur a consacré le muséum d’histoire Naturelle,  en 2021.

Pour André Breton, le poète, les pierres sont d’abord et avant tout des choses étranges dignes de figurer dans un cabinet de curiosités.

Lui appelait ça  le Mur de l’Atelier. A l’opposé, le regard que posait sur les pierres Roger Caillois, l’académicien, était celui d’un entomologiste. Ce qui ne l’empêchait pas d’être aussi poète quand il parlait de ses chères pierres.

Pour lui, en effet, grand amateur d’agates et qui a légué toute sa collection au Muséum d’Histoire Naturelle, les pierres sont l’image même du temps. Dans l’un de ses livres il écrit ainsi:

Je parle des pierres plus âgées que la vie et qui demeurent après elle sur les planètes refroidies. (…) Je parle des pierres qui n’ont même pas à attendre la mort et qui n’ont rien à faire que laisser glisser sur leur surface, le sable, l’averse ou le ressac, la tempête, le temps

Art et petites histoires des calcédoines semi précieuses

Indépendamment de leurs vertus thérapeutiques ou autres, les calcédoines doivent une grand part de leurs succès à leur rôle irremplaçable dans l’art de la glyptique.

C’est quoi l’art de la glyptique ?

L’art de la glyptique, c’est l’art de graver les pierres fines en relief, c’est ce qu’on appelle les camées, ou en creux, c’est ce qu’on appelle les intailles.

Avec leur indice sur l’échelle de Mohs de 6,5 – 7 et leur profusion, les calcédoines se sont taillées la part du lion dans cet art. Et cela depuis la plus haute antiquité, car c’est grâce à lui qu’on a pu disposer très tôt de sceaux permettant d’authentifier des documents. Sans parler, bien sûr, des multiples broches reproduisant pour leur possesseur leurs thèmes favoris.

Aujourd’hui, l’art de la glyphe est principalement entretenu par la famille Ruppenthal à Idar-Oberstein. Et cela depuis cinq générations. A l’origine, les calcédoines, pour l’essentiel des agates, étaient extraites dans les environs. Elles proviennent maintenant du monde entier, et notamment de Chine.

La calcédoine dans l’histoire

Comme toutes le pierres précieuses, la calcédoine a ses histoires.

Le grand camée de France en sardonyx

La première de ces histoires est celle du grand camée de France. On peut le voir dans le cabinet des médailles de la BNF. Il mesure 31 cm sur 26,5. Ce n’est donc pas une mince affaire !

On pense qu’il a, sans doute, été  fait pour l’empereur Tibère, le successeur d’Auguste. A l’origine, c’est une sardonyx à cinq couches. Il représente 24 figures répartis en trois mondes. Auguste et le monde des morts en haut, le monde des vivants, au milieu, avec Tibère, et le monde des vaincus, en bas.

A noter que les représentations médiévales du jugement dernier sont très proches de cette composition. Rien d’étonnant finalement à ce que le camée de Tibère ait attiré l’attention de Saint Louis, son premier acheteur royal, et séduit ses successeurs. De celui-ci  jusqu’à Louis XVI, on peut donc suivre sa trace. On la perd quelques années pendant la révolution, puis, on la retrouve miraculeusement en 1804. Le grand camée rejoint alors le cabinet des médailles qu’il n’a plus quitté depuis.

La chevalière de Godoy en jaspe héliotrope

Là, il ne s’agit plus d’un camée, mais d’une intaille en jaspe héliotrope, c’est-à- dire de couleur verte ponctuée de taches rouges. Elle ne figure pas dans une collection publique, mais a rejoint une collection privée lors d’une vente aux enchères le 19 mai 2022. La chevalière est gravée des armoiries de Manuel Godoy y Alvarez de Faria, prince de la Paix et de Bassano.

De 1788 à 1798, il est Secrétaire d’Etat, autrement dit, premier ministre de Carlos IV dont il s’est attiré très tôt les faveurs, tout en devenant l’amant de sa femme. Suivront après,  moult épisodes historiques impliquant Godoy, Charles IV, Napoléon, l’Angleterre, le Portugal, etc.

Il finira sa vie d’abord, dans un exil doré, en France, puis, en Italie et enfin en France à nouveau, mais cette fois, avec peu de moyens, en l’hôtel le Peletier d’Aunay, rue des Mathurins, à Paris, où il meurt en 1851. Sic transit gloria mundi. On peut voir  sa maîtresse, puis épouse, à qui il resta fidèle toute sa vie, Pepita Tudo,  sur deux tableaux peints par  Goya,  la « Maja nue » et la « Maja vêtue« , qui sont exposés au musée du Prado.

On comprend que le collectionneur, qu’on suppose être Guy Ladrière,  se soit battu pour remporter l’enchère dont le résultat a largement dépassé la mise à prix.

La calcédoine, autrefois très prisée, aujourd’hui très abordable

Autrefois, les pierres semi précieuses de la famille des calcédoines étaient très prisées. Leur diversité, leur dureté et leur rareté relatives en faisaient des objets très recherchés par les classes supérieures des sociétés anciennes.

Ce n’est plus le cas, aujourd’hui. Les gisements se sont multipliés et la concurrence des pierres précieuses proprement dit s’est accrue. La calcédoine est donc une pierre parfaite à offrir ou à s’offrir. Les occasions ne manquent pas.