Signification de la couleur de la peau

Signification de la couleur de la peau

Parler de la couleur de peau, ou même, de peau, tout court, n’est pas toujours une chose facile. Cela dépend, en fait, du point de vue que l’on adopte. Celui-ci peut être, en effet, physiologique, culturel, médical ou encore, sémantique.

Quoiqu’il en soit, la couleur de peau, la sienne ou celle des autres, ne laisse personne indifférent. Au propre ou au figuré. Alors, qu’en est-il exactement ? Comment s’y retrouver ? Que faire, ou ne pas faire, pour parler de couleur de peau, avec justesse et à propos. Il faut tout d’abord commencer par les origines. Et par répondre à la question : d’où vient la couleur de la peau.

 

Qu’est-ce qui donne la couleur à la peau ?

La réponse est simple. C’est avant tout une affaire de mélanocytes. Ce sont les cellules qui produisent les mélanosomes, dont tous les êtres humains ont besoin pour se protéger des rayonnements solaires et des dégâts qu’une exposition prolongée occasionne à l’ADN de chacun.

Pour ce faire, les mélanosomes fabriquent des mélanines, autrement dit, des pigments dont la fonction est finalement comparable à un store. Quand il y a beaucoup de soleil, on en fabrique beaucoup, quand il y en a peu, on en fabrique peu.

Cependant, l’analogie s’arrête là. Car à la différence d’un store, qu’on peut remonter ou descendre autant qu’on veut, on ne peut pas changer de peau avec la même facilité. Ainsi un individu qu’une longue filiation rattache à des ancêtres dont le lieu de vie habituel est proche de l’Equateur aura une peau noire. Tandis qu’un individu avec une filiation le rattachant à un lieu de vie proche des pôles aura une peau claire.

Dans le premier cas, les deux types de mélanine, l’eumélanine « tirant » vers le noir et la phaéomélanine « tirant » vers le rouge se combinent pour donner une forte concentration de pigments protecteurs. Dans le deuxième cas, le processus est inverse. Et pourtant, que ce ce soit les uns ou les autres, le nombre de mélanocytes est identique.

Qu'est-ce qui donne la couleur à la peau
Qu’est-ce qui donne la couleur à la peau

Bref, la couleur de peau est essentiellement une adaptation du corps humain au rayonnement solaire ambiant. Adaptation, plus ou moins permanente, suivant le lieu de vie traditionnel de chaque individu.

 

Les différents types de couleur de peau

Comme en bien des domaines, on ne commence à appréhender un phénomène qu’à partir du moment où on peut classer ses différentes manifestations. La couleur de peau n’échappe donc pas à ce processus classificateur. On peut ainsi se référer au nuancier établi par la société de cosmétique L’Oréal. Mais aussi à la grille établie par Thomas Fitzpatrick.

 

Le nuancier de la couleur de peau de l’Oréal

Pour ls besoins de son commerce, la société l’Oréal a mené de nombreuses études pour élaborer un nuancier comprenant 66 teintes de peau. Ces 66 teintes ont été déterminées à la fois grâce à des entretiens et à l’utilisation d’une chromasphère. Le résultat, comme le précise l’Oréal, est :

Une véritable géographie de la couleur des peaux du monde. Et cette cartographie permet d’adapter les produits de maquillage aux attentes des différentes consommatrices, en matière de couleur de fond de teint, par exemple.

NUANCIER L'OREAL COULEUR DE PEAUX
Le nuancier de la couleur de peau de l’Oréal

Le nuancier de l’Oréal, véritable atlas mondial des couleurs de peau, répartit les couleurs de peau répertoriées selon deux axes, un premier axe qui va des plus claires aux plus foncées et un deuxième qui va des plus roses aux plus jaunes.

 

La grille de couleur de peau de Fitzpatrick ou la Fitzpatrick Skin Type (FST)

Même souci utilitariste que l’Oréal avec les Fitzpatrick Skin Types de Thomas Fitzpatrick. Ce dernier a mis au point sa grille dans le cadre de la Harvard Medical School, en 1975. Le but premier de cette grille est d’établir une corrélation entre la couleur de la peau et les effets du soleil sur la peau en fonction de cette couleur.

De ce fait, la grille classe les peaux en 6 phototypes de la manière suivante :

T1 – peau très blanche – coups de soleil et pas de bronzage.

T2 – peau claire – coups de soleil fréquents et bronzage lent.

T3 – peau blanc crème – légères brûlures éventuelles et bronzage progressif.

T4 – peau brun clair – très rares brûlures et bronzage facile.

T5 – peau brun foncé – pratiquement aucune brûlure et bronzage très facile.

T6 – peau très foncée – jamais de brûlure et bronzage hyper facile.

La grille de couleur de peau de Fitzpatrick ou la Fitzpatrick Skin Type (FST)
La grille de couleur de peau de Fitzpatrick ou la Fitzpatrick Skin Type (FST)

Bien que très commode pour les dermatologues, la grille de Fitzpatrick a montré ses limites dès lors qu’on a voulu l’utiliser pour alimenter des algorithmes de reconnaissance faciale. De ce dernier point de vue, on reproche essentiellement à la grille FST de manquer de diversité. D’où les recherches actuellement en cours menées, en particulier, par Google Alphabet pour y remédier.

 

Différence entre racisme, racialisme et « wokisme »

Naturellement, toute classification des individus selon la couleur de leur peau, quel que soit l’objectif, médical ou cosmétique, poursuivi, ouvre inévitablement le chemin à des considérations sur le racisme, le racialisme et le « wokisme ». Pour bien en comprendre les enjeux, il est utile d’avoir une représentation la plus juste possible de chacune de ces notions.

 

Le racialisme

Ainsi, quand on fait référence au racialisme, on fait référence à toute théorie qui, d’une manière ou d’une autre, s’appuie sur la notion de race, dont la couleur de peau constitue un des éléments distinctifs, tout en restant principalement descriptive. D’une manière générale, comme le précise Pierre-André Taguieff, Directeur de recherche au CNRS et auteur d’un « dictionnaire historique et critique du racisme » :

Le racialisme correspond à toute construction idéologique fondée sur l’idée de « race humaine » et faisant appel à une conceptualité scientifique, d’une façon plus ou moins prononcée.

 

Le racisme

Le racisme est une conséquence fréquente du racialisme. Il introduit, en effet, l’idée qu’il y a une hiérarchie entre une race et les autres. Bien pratique quand il s’agit de légitimer, par exemple, une expansion coloniale ou impérialiste comme cela a été le cas au XIXème siècle et au XXème siècle.

A noter, en effet, que de ce point de vue, la notion de race peut englober une multitude de caractères, physiologiques comme, entre autres, la couleur de peau, mais aussi culturels, comme une pratique religieuse.

MARTIN LUTHER KING
Martin Luther King

C’est notamment ce à quoi s’est opposé toute sa vie, Martin Luther King quand il disait, entre autres, :

Que l’on juge ses enfants sur leur caractère et non sur la couleur de peau.

 

Le « wokisme »

Le wokisme est une notion récente née aux Etats-Unis et propulsée dans le monde occidental dans le sillage de l’émotion considérable suscitée par les circonstances de la  mort de George Floyd, à Indianopolis, en mai 2020.

Le mot « wokisme » vient du terme anglo-américain « woke » qui signifie « éveillé ». Être « éveillé », c’est être conscient de l’intériorisation, de manière subreptice ou subliminale, de pensées se traduisant par des attitudes foncièrement racistes.

Autrement dit, être wokiste, c’est prendre conscience qu’on peut être raciste sans le savoir. Par suite, le simple fait d’avoir, par exemple, une couleur de peau blanche se traduit par des comportements exprimant une « blanchité » fondamentalement raciste.

COUVERTURE LIVRE REVOLUTION RACIALISTE BOCK-COTE
La révolution racialiste et autres virus idéologiques

Et pour éviter qu’il en soit ainsi, il convient de lutter contre ces comportements en niant, en particulier, le réel que représente une peau blanche. Les mécanismes à l’œuvre dans le « wokisme » sont bien décrits dans l’ouvrage de l’essayiste et universitaire québécois Mathieu Bock-Côté, publié par les Presses de la Cité, en 2021, et intitulé « La révolution racialiste et autres virus idéologiques« .

 

Médecine et couleur de la peau

Indépendamment de ses différents aspects culturels, cosmétiques ou dermatologiques, la couleur de la peau est aussi un excellent indicateur de l’état de santé d’un patient quand le teint de sa peau diffère notablement de son teint habituel. Comme peut l’être aussi, par exemple, la couleur de l’urine.

En effet, la couleur de la peau peut être soudain plus pâle que d’habitude, ou devenir jaunâtre, bleuâtre, ou encore rougeâtre. Autant de signes qui ne peuvent manquer d’alerter un médecin sur un probable dysfonctionnement physiologique. Et à tout le moins, alerter l’individu qui en est l’objet.

Médecine et couleur de la peau
Médecine et couleur de la peau

En tout cas, il faut faire examiner ces teintes inhabituelles par un médecin. Ce qui n’est pas toujours évident quand on finit par s’habituer à l’inhabituel et à le considérer comme normal. Citons, en particulier :

  • Un teint pâle

Une pâleur excessive est souvent l’indice d’une anémie ferriprive, c’est-à-dire d’une carence en acide folique ou en vitamine B12. Cela peut être aussi le signe avant-coureur d’une syncope liée, entre autres, à un manque de glucose dans le sang.

  • Un teint jaunâtre

Un teint jaunâtre est, la plupart du temps, associé à un problème hépatique ou biliaire. Ou même rénal. Gare cependant à la confusion qui peut naître d’une consommation importante d’aliments comprenant beaucoup de carotène.

  • Une peau bleuâtre

En général, une peau bleuâtre est surtout visible au niveau des extrémités du corps, c’est-à-dire des pieds et des mains. On parle alors de cyanose et de problème circulatoire.  Ce qui signifie que ces parties du corps ne bénéficient pas d’un apport en oxygène suffisant.

  • Un teint rougeâtre

Dans ce cas de figure, un teint rougeâtre peut résulter, tout simplement, d’une exposition trop grande au soleil. Mais, ce peut être aussi le signe de bien d’autres choses, comme un stress ou une consommation trop importante d’épices.

Plus préoccupante, un teint rougeâtre persistant, du à une polyglobulie, c’est-à-dire à un grand nombre de globules rouges générés pour compenser un manque d’oxygène apporté par les poumons.

 

Expressions populaires avec le mot « peau »

Comme on peut s’y attendre, le mot « peau » se retrouve dans de nombreuses expressions populaires faisant référence à sa couleur. Comme, par exemple :

  • Avoir une peau de pêche. Un idéal ! Car, pour les experts, c’est avoir « une peau parfaite. Une peau absolument divine, douce, délicate, souple, au teint joli, resplendissante de beauté et de santé. « 
  • Glisser sur une peau de banane. Là, il s’agit moins de rappeler la couleur de la banane que sa texture, sans aspérité, caoutchouteuse, et naturellement, préjudiciable pour la personne sous les pieds de laquelle on la met. Bien grande indignité, cependant, pour une pelure, par ailleurs, bien intéressante à nombreux points de vue.
BORIS CYRULNIK
Boris Cyrulnik
  • Ou encore, avoir la peau dure. Autrement dit, être capable de supporter bien des avanies et, plus globalement, être résistant à toutes les épreuves de la vie. Le célèbre psychanalyste, Boris Cyrulnik, l’a conceptualisé en parlant de résilience.

 

La couleur de peau est riche de significations

Comme beaucoup d’autres éléments du corps humain, la couleur de la peau est riche de significations. Lesquelles peuvent être reliées à celles de la couleur des yeux, par exemple. Cela dit, les significations de la couleur de peau peuvent être purement objectives ou le support à des assertions purement subjectives

Les premières servent de fondement à des classifications utiles pour choisir un cosmétique, se protéger contre les UV ou déceler un dysfonctionnement physiologique.

Le secondes sont le produit d’une époque et visent essentiellement à légitimer des attitudes politiques et morales.

Quoi qu’il en soit, la peau et sa couleur n’a pas fini de faire parler d’elle. Du fait, notamment, des nombreuses expressions populaires qui y ont recours.